20 février 2020 • Reportage-photo pour Reporterre
Unique métropole remportée par un élu écologiste, Grenoble fait depuis six ans office de laboratoire de l’écologie municipale. Les Verts ont-ils su passer du rôle de contre-pouvoir à celui de décideurs, capables de mettre en œuvre un projet écologique ? Dans la « capitale des Alpes », les réussites pratiques s’opposent aux débâcles symboliques.
L’un des effets les plus tangibles du mandat écologiste reste la généralisation de la zone 30 et la construction d’une autoroute à vélo. Avec 15,2 % de ses actifs rejoignant au quotidien leur travail en bicyclette, « Grenoble se positionne dans le tiercé de tête des villes françaises où le vélo est le plus utilisé», note l’Insee.
« Que ça plaise ou non, Piolle a accompli son programme : il a restreint la circulation. Maintenant, si les Grenoblois ne sont pas d’accord, ils peuvent le faire valoir dans les urnes le mois prochain. Mais le vrai enjeu des élections, ce sera la sécurité », assure Olivier, primeur aux Halles Saint-Clair.
Dans une ville « pourrie et gangrenée par le trafic de drogue », selon la formule choc de son procureur Jean-Yves Coquillat, la sécurité est au cœur des préoccupations. Le maire en est bien conscient et n’a pas de pudeur à cet égard : « Personne n’est satisfait de la sécurité à Grenoble. Nous avons ici un poids très lourd du trafic de drogue, et qui génère une violence réelle. »
« Nous avons été trop idéalistes dans beaucoup de domaines », soupire Vincent Comparat, cheville ouvrière de l'union des gauches plurielles à Grenoble. Pour faire face à la baisse des dotations de l’État en 2016, la municipalité a élaboré des coupes budgétaires, dont la fermeture de trois bibliothèques municipales. L’image d’une mairie écologique sacrifiant la culture a choqué.
Aujourd’hui, Éric Piolle se veut rassurant sur l’état des finances de la ville : « Nous avons absorbé des baisses majeures de recettes qui ont été impulsées par Manuel Valls, puis la pression financière permanente imposée par Macron. La dette, qui a explosé sous Alain Carignon [maire de 1983 à 1995] est stable depuis 1995, et nous avons stoppé facilement le peu d’emprunts toxiques qu’avait la ville. »
A l'aube des élections de 2020, Les vieilles rancœurs entre écologistes et Parti socialiste persistent. Le profil du candidat socialiste clive : adoubé par le PS sans en avoir l’étiquette, Olivier Noblecourt veut reconquérir la préfecture de l’Isère. Le déchirement est tel que la moitié des socialistes locaux ont fait défection pour rejoindre l’équipe Piolle. Un rapprochement dont ce dernier tire une certaine fierté : « La guerre des gauches s’est terminée à Grenoble avec un arc humaniste qui va de la France insoumise à la moitié du PS. »